Fig. 7. Galets gravés, provenant du site de Kamikuroïwa (Hokkaïdô), Jômon naissant, - 14 500 ans ~ - 12 500 ans.
(Photo crédit : S.Onbe(2016)World of Kamikuroiwa cave site. News from Kumakogen town council, No.10, pp.1-2).
2-2-2. Dogû, figurines en terre cuite, Jômon naissant (- 16 000 ans ~ - 9 000 ans)
À la période Jômon naissant, deux figurines en terre cuite, dogû, ont été découvertes dans le site de Kamiyuïjiri (Mié) et celui d’Aïdanikumahara (Shiga) à Honshû. Les seins des figurines sont volumineux, mais ni tête, ni bras, ni jambes. Les seins sont probablement un symbole de la fécondité. Ces figurines sont petites, 3 et 6 cm pour être portables. Par contre, les dogû du Jômon moyen sont grands, parfois de 30 ou même 45 cm, et leur ventre et leurs fesses sont très impressionnants.
2-2-3. Dogû, statuette féminine, Jômon moyen (- 5 000 ans ~ - 3 000 ans)
Le site de Tanabataké se trouve à Nagano, au centre de Honshû, où les sites de la même période sont très nombreux. La statuette est très grande parmi les dogû Jômon, et connue sous le nom de « Vénus Jômon », avec de petits seins, (fig. 8). Elle tient debout grâce à ses jambes volumineuses. Les sourcils et le nez sont marqués. Les artistes Jômon ont enfin représenté le visage humain. En général, le visage n’a pas été représenté jusqu’à la période Jômon ancien.
Fig. 9. Dogû, provenant du site de Nakappara (Nagano), Jômon
tardif, - 4 000 ans ~ - 3 000 ans. (Photo crédit : Chino City,
Togariishi Musuem of Jomon Archaeology).
Fig. 8. Dogû, provenant du site de Tanabataké
(Nagano), Jômon moyen, - 5 000 ans ~ - 4 000
ans. (Photo crédit : Chino City, Togariishi
Musuem of Jomon Archaeology).
2-2-4. Dogû, statuettes féminines, Jômon tardif (- 4 000 ans ~ - 3 000 ans)
La dogû provient du site de Nakappara, département de Nagano, centre de Honshû, (fig. 9). Elle est de la période Jômon tardive. Le visage humain est triangulaire, les jambes sont volumineuses, son ventre est rond, son corps est orné de spirales et de traits. Cette statuette de Nakappara s’appelle « vénus masquée ». Si on la voit de profil, on voit très bien sa face triangulaire avec un masque.
Le site de Chobonaïno se trouve à Hokkaïdô. La statuette de ce site est grande, (fig. 10). L’intérieur de cette statuette est vide. Plusieurs petits trous ronds sur sa mâchoire représentent probablement une barbe masculine ou un tatouage. Mais il y a un trait vertical au bas-ventre qui fait
penser que c’est une femme.
Fig. 11. Dogû « à lunettes de neige », h: 36,1 cm; l: 28 cm,
provenant du site d’Ébisuda (Miyagi),
Jômon final, - 3 000 ans ~ 2 400 ans
(Photo crédit : http://webarchives.tnm.jp/).
Fig. 10. Dogû, provenant du site de Chobonaïno (Hokkaïdô), Jômon tardif, - 4 000 ans ~ - 3 000 ans.
(Photo crédit : Hakodate City).
2-2-5. « Dogû à lunettes de neige », statuette féminine, Jômon final (-3 000 ans ~ - 2 300 ans)
A la période Jômon final, les statuettes d’un type particulier se trouvent partout à l’est du Japon, surtout au nord-est de Honshû, et aussi dans la région de Tokyo. Pour les grands yeux qui ressemblent à des lunettes de neige des ethnies du nord, elle s’appelle « dogû à lunettes de neige », (fig. 11). Les statuettes « à lunettes de neige » ne tiennent pas debout seules. La tête est ornée d’une coiffure élaborée aux cheveux en forme de couronne. Le nez se limite à un trou situé entre les deux yeux, et la bouche est placée juste en dessous.
3. Poterie de la culture Jômon
Des éléments observables...
Le mot « Jômon » se compose de « Jô », qui signifie la corde et de « Mon » qui signifie le décor. Les poteries à décor par impression-rotation de cordes s’appellent « Jômon », Une grande partie des poteries du Jômon portent des traces de cordon. La culture Jômon a duré 13 000 ans. Il y a plus de 100 types de traces de cordon. La température de cuisson est basse, parce que les poteries sont cuites en plein air.
Mais les poteries de Jômon ne sont pas toujours décorées avec des cordes. Il y a d’autres façons d’orner la poterie. Par exemple pour orner la surface des poteries, on appuie avec des coquillages, on pique le bout d’une branche de bois, on roule des bois sculptés, on pique successivement une branche de bois.
A la période Jômon moyen, il y a quantité de poteries découvertes à Nagano, au centre du Japon. La poterie du Tônaï porte des décors à impression-rotation de cordes, (fig. 12). La poterie est ornée du dos d’une personne qui tient la poterie elle-même. Les deux bras en spirale rejoignent l’ornement abstrait de la poterie.
Fig. 12. Poterie « en forme de Dieu », provenant du site de Tônaï (Nagano), Jômon moyen, - 5 000 ans ~ - 4 000 ans.
(Photo crédit : Idojiri Archaeological Museum).
Le site de Sasayama (Niïgata) est très connu avec les jarres de poterie Jômon. C’est un site de la période Jômon moyen. Il y a quatre saillies comme une « crête-de-coq ». Le décor évoque des flammes. Donc, on les appelle « poteries en forme de flamme ». Il n’y a pas de décor fait avec des cordes, pour ce type de poterie.
À l’ouest du Japon, aucune trace de décor cordé ne se trouve sur les poteries de la période Jômon tardive. Par contre, des traces de décor cordé se trouvent à l’est du Japon, même après la période Jômon. Les poteries ont été ornées parfois avec un serpent ou un sanglier au centre-est du Japon.
Fig. 13. Figurine de marcassin en terre cuite, provenant du site de Hinohama. (Hokkaïdô), Jômon final, - 3 000 ans ~ - 2 400 ans
(Photo crédit : Hakodate city).
4. Représentation zoomorphe de la culture Jômon
Parmi les figurines zoomorphes, il y a l’ours à Tôhoku et Hokkaïdô, au nord-est du Japon, mais aucun cerf. Pourtant les cerfs ont été beaucoup consommés par les hommes de la culture Jômon. Les figurines de sanglier et surtout de marcassins se rencontrent au nord-est du Japon. Même à Hokkaïdô, une figurine de marcassin a été découverte, (fig. 13). Mais aucun sanglier ne vivait à Hokkaïdô à cette époque, à cause de la mer très profonde entre Hokkaïdô et Honshû, qui n’est jamais devenue terre même à l’époque glaciaire. Donc les hommes à l’époque apportaient probablement des marcassins de Honshû à Hokkaïdô.
La figure zoomorphe surgit au cours de la première moitié de l’époque Jômon final. La figurine du site de Bibi 4 (Hokkaïdô) ressemble à un animal marin avec des nageoires, ou bien à un oiseau aquatique avec des plumes, (fig. 14).
Fig. 14. Figurine zoomorphe en terre cuite, provenant du site de Bibi 4 (Hokkaïdô), Jômon final, - 3 000 ans ~ - 2 400 ans.
(Photo crédit : Chitose City).
À propos du Japon préhistorique dans l’Asie de l’est, la culture paléolithique du Japon, surtout à Hokkaïdô, est souvent commune avec celle du continent, et la culture Jômon est unique, mais aussi très variée selon la région.
Remerciement
Je dédicace cet article à Monsieur Robert Masson, qui m’a recommandée pour présenter l’art préhistorique du Japon à la SERPE aux Eyzies, il est décédé à l’automne 2017.
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